Rouda: Qui a dit un jour que les paroles s’envolent et que les écrits restent
|
Et qui dira que cette histoire ne fut qu’une parabole de deux poètes à la plume
|
trop leste
|
Des montagnes de l’Est elle traverse les rivières du grand Ouest
|
Puis serpente et s’entête jusqu'à se fondre dans l’asphalte
|
GCM: C’est l’histoire d’un récit qui traverse le monde comme tu tournes les
|
pages de ton atlas
|
On m’a dit qu’il était conté par un mec très vieux, je parle pas du Père Fouras
|
Mais d’un ancien respecté à la voix aussi profonde que les rides de son visage
|
Je te parle de son récit qui pendant des décennies a traversé plus d’un paysage
|
Rouda: C’est l’histoire d’un tour du monde d’une course autour de la
|
planisphère
|
Un moment hors de l’espace-temps où les secondes se comptent en millénaires
|
Ce n’est pas un conte mais un poème mi-phénomène paranormal
|
Mi-parole libre qui se promène forcément ça se passe à l’oral
|
GCM: C’est l’histoire d’un voyage fantastique auquel ont participé plus d’un
|
élément
|
Qui, lors d’une existence classique, ne se croisent pas forcément
|
Ce voyage un peu magique, comme tout le monde tu en as entendu parler
|
Moi je l’ai connu un soir de pleine lune devant un grand ciel étoilé
|
Rouda: Moi je crois bien que c’est le vent qui est venu me la souffler
|
Et ça m’a fait l’effet d’un sédatif car à vrai dire ça m’a troublé
|
GCM: Cette histoire, je donnerais tout pour connaître son origine exacte
|
T’sais quoi Rouda on va remonter à sa source chacun de son côté,
|
tel est notre pacte
|
Rouda: Ok Grand Corps Malade je te souhaite une balade planétaire
|
Je te laisse donner le top départ et le choix dans l’hémisphère
|
GCM: Tu devras fouiller dans 2 continents, moi 3, s’il faut on se retrouve
|
dans 10ans
|
Mais comme j’ai plus de terres que toi, tu te taperas aussi le fond des océans
|
Bon voyage ! |
Que le meilleur gagne !
|
Rouda: J’ai commencé à observer les territoires les plus classiques
|
Le tableau noir des facultés aux discours très académiques
|
J’ai entendu les cris d’une parole qui s’endort dans des débats soporifiques
|
Des conférences, des galeries d’art et même des visites guidées au coeur des
|
quartiers historiques
|
GCM: J’ai commencé ma quête en questionnant mon voisin de palier
|
Il est tellement vieux qu'à un bout de cette histoire il est forcément lié
|
Il m’a conseillé d’enquêter dans un petit village montagnard
|
Mais les gens que j’ai croisés là -bas avaient étrangement perdu la mémoire
|
Rouda: Sur mon itinéraire j’avais quelques antiquaires
|
Je n’y ai trouvé que des mots en vieux français et des paroles pleines de
|
poussière
|
J’ai rencontré deux trois coiffeurs et leurs récits légendaires
|
A la racine j’ai tout compris de la théorie de la pesanteur
|
J’ai donc pris de la hauteur j’ai fait pas mal d’aller-retours
|
J’ai été rapide ou plein de lenteur mais la durée de mon parcours
|
S'étale sur le Maghreb et ses conteurs jusqu’aux tavernes de Singapour
|
Des tribus nomades d’orateurs aux temples de Kuala Lumpur
|
J’ai vu des mots d’absence des mots laissés sur une porte et même des mots
|
d’amour
|
J’ai parfois pris le mauvais sens et plus j’ai fait la connaissance des
|
nouveaux troubadours
|
GCM: J’ai compris que c’que je cherchais avait quelque chose de secret
|
Et que cette histoire était fragile comme un mot écrit à la craie
|
Je scrutais la nuit dans des ruelles sombres aux odeurs de pisse
|
Quand un vieux clochard me lança enfin sur une bonne piste
|
Il m’a dit d’aller interroger un scientifique, j'étais d’accord
|
Mais celui-ci m’a rien appris, j’ai juste révisé le théorème de Pythagore
|
Alors je suis allé voir les plus grands philosophes du continent
|
Mais ils m’ont saoulé, j’préfèrais encore mon vieux voisin incontinent
|
J’ai rencontré des tas de personnes, de Reykjavik à Pékin
|
Des groupes de jeunes rappeurs aux vieux griots africains… mais en vain
|
GCM & Rouda: J’ai vu des mots tendres, j’ai vu des mots d’excuse,
|
j’ai vu des gros mots
|
J’ai vu des mots à prendre des mots qui accusent et même des mots en trop
|
J’ai vu des mots passants, j’ai vu des mots vexants, j’ai vu des mots
|
tranchants comme un pieux
|
J’ai vu des mots qui immobilisent des mots sans mobile et même des mots creux
|
J’ai vu des Mohammed, j’ai vu des Mauricette
|
J’ai surtout vu que j’avais fait ce voyage pour rien
|
J’ai vu de mauvais mots, j’ai vu des bons moments
|
Et que finalement la source n'était pas si loin
|
Cette histoire, c’est la tienne, c’est la mienne, elle est bien réelle
|
C’est l’histoire du langage universel faîtes qu’elle soit éternelle
|
J’sais pas pour toi Grand Corps Malade mais notre fin de texte me semble un peu
|
trop solennelle
|
C’est vrai Rouda mais l’important c’est peut-être juste qu’elle soit belle
|
Ca leur paraîtra peut-être bête encore plus con que deux poètes
|
Mais j’ai encore envie de la dire: que vive la parole libre !
|
En tout cas c’qui est net, c’est que cette histoire vit dans toutes nos têtes
|
Et qu’on continueras à la vivre jusqu’aux toutes dernières pages de notre
|
propre livre
|
Bon voyage ! |
Que le meilleur gagne ! |