| Puisque le banlieusard et le gosse d’immigré manquent de civisme
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| Et que la France l’appelle à cor et à cri
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| Qu’elle veut de lui un effort de citoyenneté
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| J’ai décidé, moi, de lui donner le meilleur de moi-même
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| Ce que je sais faire de mieux, ce que je suis de mieux
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| Je te le donne, mon beau pays
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| Je viens vous léguer mon dégoût, mon égo
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| Mon sale goût du déclin et le bout de mes mégots
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| Bon gré, mal gré, en grand, en grain
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| Un brin de mon chagrin surtout s’il est gros
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| Mon rap pour des clous, mes rares coups d'éclat
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| Mon dépit, et en dépôt tous mes pires défauts
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| Mes torts, mes tares, mon sale caractère
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| Et même mes factures de prolétaire s’il le faut
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| Mon envie de gerber, mon jargon, vous larguer
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| Mon genre baggy et mur tagué, mon argot
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| Mon orgueil, mon air caille, la crasse de mon bercail
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| Le plus bel ongle incarné de mes orteils
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| Mes embrouilles, broutilles, mes failles, entailles
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| Ma tambouille, mon riz et lentille des Antilles
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| Ma pagaille, ma voie et ma grisaille, ma feraille
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| Et mon attirail de tours qui partent en vrille
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| Mes amis, mes abus, mes rêves rebus
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| Mes habits bien imbibés quand j’ai trop bu
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| Mes plans B toujours plombés qui sentent bon
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| Le vagabond, les escaliers nauséabonds
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| Ma peur du Togo, mes procès verbaux
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| Mon dépit, pour flamber, pour faire beau
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| Mon humour en ré mineur et quart de ton
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| Et ces carnets dans ces cartons où je vous traite de cons
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| Si le gouvernement veut toujours de moi
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| Il me trouve en Banlieue Nord, escalier B |