Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Le pillage de nos minéraux, de nos lingots
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
J’ai reçu ta lettre, fin juin, enfin
|
Elle m’a laissé mal en point, mais néanmoins
|
Je n’ai cessé d’en relire chaque mot, chaque phrase
|
Chaque nom, chaque détail, chaque photo, chaque visage
|
Est-ce un mirage, une illusion, un hologramme?
|
Ou est-ce la raison qui a rendu l'âme
|
La terreur vue d’ici, c’est comme la terre vue du ciel
|
Ça paraît loin de nous, ça paraît irréel
|
Quand je pense que tu as quitté Kin, et les tiens
|
Qu’ils chassent notre ethnie comme les prénoms chrétiens
|
Ton fils, un assassin au regard de braise
|
Qui à 13 ans, trouve son assurance dans un M16
|
À 14 ans en quarantaine
|
Ils l’ont pris pour un sorcier car il se défonçait au kérosène
|
En arrivant dans l’est, il a tué par accident
|
Un de ses cousins en le prenant pour un partisan
|
Putain! |
l’horreur est humaine, et l’on s’extermine
|
Il voulait être un sauveur, pas un soldat anonyme
|
Même si l’Occident a bon dos
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Le pillage de nos minéraux, de nos lingots
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Et reproduire les schémas coloniaux
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Car la terreur vue d’ici c’est comme la terre vue du ciel
|
Ça paraît loin de nous, ça paraît irréel
|
Les enfants de la Libération ne jouent pas aux indiens
|
Ils voient l’Europe comme le Far West en vain et pour rien
|
En attendant leur chèque de la Western Union
|
Rêvent de dévaliser une délégation
|
Disent les pays en transition, la guerre est une escale
|
Pour cet idéal, passe au plan Marshall
|
Le règne du Maréchal l’a laissé bancal
|
Et disent que l’Unesco n’aide que les pays cartes postales
|
Au lieu de s’affairer aux affaires courantes
|
Car un tiers du pays est sans courant, ni eau courante
|
Les guerres ethniques renforcent le statu quo
|
Le Congo est un terrain de Stratego
|
Tous ses pays voisins devenus rivaux
|
Dans le pillage de ses minéraux, de ses lingots
|
Et ça dégringole, le pays est sous contrôle
|
Et c’est pire qu’au temps de Léopold
|
Entre la loi de la jungle et celle des protocoles
|
La révolution a besoin de bénévoles
|
Et tant que l’opinion publique abdique
|
Le Congolais reste le nègre de l’Afrique
|
Même si l’Occident a bon dos
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Le pillage de nos minéraux, de nos lingots
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Et reproduire les schémas coloniaux
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Tous Congolais à part entière, tous apparentés
|
Laissons nos différends à part, on a un pays à remonter
|
Pendant que les virus se donnent comme des prospectus
|
Les nouveaux missionnaires font de leur Emmaüs
|
Des petites, moyennes entreprises
|
Qui ne connaissent pas la crise
|
La crédulité des gens en guise de budget
|
Ils investissent où s’arrêtent les O.N.G
|
Et j’admire ton courage, ton sens de la débrouille
|
Ton cœur est trempé dans le zinc, il résiste à la rouille
|
Mais cesse de croire à leurs séances d’exorcisme
|
Ils n’ont pas de cure contre le paludisme
|
Moi, je suis un géant chez les pygmées
|
Depuis que ma carte verte est périmée, le noir fait déprimer
|
La dépigmentation de la peau laisse des séquelles
|
Et le choc est culturel
|
Notre développement est à l’arrêt comme la Gécamines
|
Complexés par notre taux de mélanine
|
L’intégration passera par l’argent
|
Mais la détermination reste le facteur determinant
|
Même si l’Occident a bon dos
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Le pillage de nos minéraux, de nos lingots
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Et reproduire les schémas coloniaux
|
Ça ne vous rendra pas le Congo
|
Car la terreur vue d’ici c’est comme la terre vue du ciel
|
Ça paraît loin de nous, ça paraît irréel
|
Avant de filer à la Congolaise
|
Je voulais revenir à la genèse
|
Ça fait:
|
Congolais du Sud, du Nord, de l’Est, de l’Ouest
|
Tous Congolais à part entière donc tous apparentés
|
Laissons nos différends à part, on a un pays à reconstruire
|
Changement donne le vertige
|
Main qui donne, main qui dirige
|
Évolués mais dépendants
|
Main qui donne main qui apprend
|
Changement donne le vertige
|
Main qui donne, main qui dirige
|
Évolués mais dépendants |
Main qui donne main qui apprend
|
Les frères se déchirent pour des billets à l’effigie de Lincoln
|
Toujours le même cancer qui ronge sur le tropique du capricorne
|
C’est le règne du veau d’or
|
Les frères noient leur esprit dans la spiritueuse
|
Ils croient en Dieu avant de croire en eux
|
«Ecoute moi, écoute moi bien mon petit
|
Tu sais pourquoi, sais-tu pourquoi mon ami?
|
Un jour des bwanas sont arrivés par bateaux
|
Ils en sont descendus, ils avaient un drapeau
|
Ils l’ont planté devant nous en criant
|
Que notre terre était désormais leur terre
|
On avait beau rouspéter en criant et en priant
|
On n’avait pas de drapeau donc fallait se taire
|
Et comme on priait, comme on priait
|
Ils ont sorti une Bible
|
Ils nous ont appris à prier les yeux fermés
|
Et quand on a rouvert les yeux, nous avions leur Bible en main
|
Et dans leurs mains, ils avaient notre terre
|
Va falloir jeter un coup d'œil sur Mama Congo
|
Va falloir redorer son blason de terre promise
|
Va falloir reprendre notre terre, même en gardant la Bible
|
Car celle-ci nous apprend l’amour du prochain
|
Aimer le Congo, c’est bien être capable d’aimer le Congolais
|
Faire du bonheur de l’autre, la priorité de notre propre bonheur
|
Mama Congo, Mama Congo ne tombera pas
|
Même là haut, sauf que ça ne se verra pas
|
À cause de toi, à cause de moi, à cause de nous |