Lyrics of Préface - Bernard Lavilliers

Préface - Bernard Lavilliers
Song information On this page you can find the lyrics of the song Préface, artist - Bernard Lavilliers. Album song Bernard Lavilliers Chante Les Poètes, in the genre Поп
Date of issue: 31.12.2002
Record label: Barclay
Song language: French

Préface

(original)
La poésie contemporaine ne chante plus… elle rampe.
Elle a cependant le
Privilège de la distinction… Elle ne fréquente pas les mots mal famés…
Elle les ignore.
On ne prend les mots qu’avec des gants: à «menstruel» on
Préfère «périodique», et l’on va répétant qu’il est des termes médicaux qu’il
Ne faut pas sortir des laboratoires et du codex
Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n’employer que certains mots
Déterminés, à la priver de certains autres, me fait penser au prestige du
rince-doigts
Et du baisemain.
Ce n’est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le
Baisemain qui fait la tendresse.
Ce n’est pas le mot qui fait la poésie mais
La poésie qui illustre le mot
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s’ils ont leur compte
De pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes.
Le poète
D’aujourd’hui doit appartenir à une caste à un parti ou au «Tout Paris».
Le
Poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé
La poésie est une clameur.
Elle doit être entendue comme la musique.
Toute
Poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n’est pas
Finie.
Elle ne prend son sexe qu’avec la corde vocale comme le violon prend le
Sien avec l’archet qui le touche.
L’embrigadement est un signe des temps.
De
Notre temps.
Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.
Les
Sociétés littéraires c’est encore la Société.
La pensée mise en commun est une
Pensée commune
Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des
Fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Ravel avait une
Tumeur qui lui suça d’un coup toute sa musique.
Beethoven était sourd.
Il
Fallut quêter pour enterrer Bela Bartok.
Rutebeuf avait faim.
Villon volait
Pour manger.
Tout le monde s’en fout.
L’Art n’est pas un bureau
D’anthropométrie.
La lumière ne se fait que sur les tombes.
Nous vivons une
Époque épique et nous n’avons plus rien d'épique.
La musique se vend comme du
Savon à barbe.
Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu'à en trouver
La formule.
Tout est prêt: les capitaux — la publicité - la clientèle
Qui donc inventera le désespoir?
Avec nos avions qui dament le pion au soleil.
Avec nos magnétophones qui se
Souviennent de ces «voix qui se sont tues»
Nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande à
Regarder passer les révolutions.
N’oubliez jamais que ce qu’il y
A d’encombrant dans la Morale, c’est que c’est toujours la Morale des Autres
Les plus beaux chants sont les chants de revendication.
Le vers doit faire
L’amour dans la tête des populations.
A l'école de la poésie et de la musique
On n’apprend pas —
On se bat
(translation)
Contemporary poetry no longer sings...it crawls.
However, she has the
Privilege of distinction... She does not frequent ill-famed words...
She ignores them.
Words are only taken with gloves: at "menstrual" we
Prefer "periodic", and we will repeat that there are medical terms that he
Must not leave the laboratories and the codex
School snobbery which consists, in poetry, of using only certain words
Determined, to deprive her of some others, reminds me of the prestige of
moist towelette
And hand kissing.
It's not the finger wash that cleans your hands or the
Kisshand that makes tenderness.
It's not the word that makes the poetry but
The poetry that illustrates the word
Writers who use their fingers to find out if they have their account
Feet aren't poets, they're typists.
The poet
Today must belong to a caste to a party or to "All Paris".
the
Poet who does not submit is a maimed man
Poetry is a clamor.
It should be heard like music.
All
Poetry meant only to be read and enclosed in its typography is not
Finished.
She only takes her sex with the vocal cord as the violin takes the
His with the bow touching it.
Recruitment is a sign of the times.
Of
Our time.
Men who think in circles have curved ideas.
The
Literary societies is still the Society.
Pooled thought is a
common thought
Mozart died alone, accompanied to the mass grave by a dog and
Ghosts.
Renoir had crooked fingers with rheumatism.
Ravel had a
Tumor that sucked all of his music at once.
Beethoven was deaf.
He
Had to beg to bury Bela Bartok.
Rutebeuf was hungry.
Villon was flying
To eat.
Nobody cares.
Art is not an office
Anthropometry.
The light is only on the graves.
We live a
Epic era and we have nothing epic left.
Music sells like
Shaving soap.
For even despair to sell, all you have to do is find it
The formula.
Everything is ready: the capital — the advertising — the clientele
Who will invent despair?
With our planes trumping the sun.
With our tape recorders which
Remember those "voices that fell silent"
We're on the edge of the void, tied up in our meatpacks at
Watch the revolutions pass.
Never forget that what is
A cumbersome thing about Morality is that it is always the Morality of Others
The most beautiful songs are the songs of claim.
The verse must do
Love in people's minds.
At the school of poetry and music
We don't learn —
We are fighting
Translation rating: 5/5 | Votes: 1

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Artist lyrics: Bernard Lavilliers