C’est l’habitude qui nous manque
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On ne sait pas jeter des cris
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Hurler contre ce qui nous flanque
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La tête aux murs, certaines nuits
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On ne sait pas claquer les portes
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Fermer ses oreilles et ses yeux
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Jeter au diable et qu’il l’emporte
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Tout ce qui nous déchire en deux
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Un rien, une paille, un copeau
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Une plume de moineau
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On ne veut pas peser plus lourd
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Qu’un geste d’amour
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Un rien, une hache, un couteau
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Une épée plantée dans le dos
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On ne veut pas montrer le sang
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Qu’on saigne au dedans
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Mais rien qu’une fois
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Rien qu’une fois faire des vagues
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Et tout casser, rien qu’une fois
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Dire «Je pleure et vous ne voyez pas»
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Dire «Je meurs et vous, vous restez là
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Vous restez là»
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Rien qu’une fois
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Faire des vagues et que ça bouge
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Et que le ciel devienne rouge
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Qu’enfin on ose donner de la voix
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Vous, mes amours, non, ne me laissez pas
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Puisque vous me tenez la main
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Ce n'était rien
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C’est l’habitude qui nous pousse
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À ne jamais peser trop lourd
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À bien éviter les secousses
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À faciliter le parcours
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On ne sait pas plier bagages
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Et profiter du temps qui va
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On veut éviter les naufrages
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Les bateaux ne le savent pas
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Un rien, une paille, un copeau
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Une plume de moineau
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On ne soupire pas plus fort
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Qu’un enfant qui dort
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Un rien, une hache, un couteau
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Une épée plantée dans le dos
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On dit que ça nous gêne un peu
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Que ça ira mieux
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Mais rien qu’une fois
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Rien qu’une fois faire des vagues
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Et tout casser, rien qu’une fois
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Dire «Je coule et je me noie pour vous»
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Dire «Je sombre et vous parlez de tout
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Parlez de tout»
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Rien qu’une fois
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Faire des vagues et que ça tangue
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Et qu’on parle la même langue
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Et qu’on chavire une fois pour de bon
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Et qu’on aille vraiment toucher le fond
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Qu’on puisse leur répondre enfin
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«Ce n'était rien»
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Mais laissez-moi faire des vagues
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Mais laissez-moi faire des vagues
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Et tout casser, rien qu’une fois
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Rien qu’une fois |