Seigneur, délivrez-nous de ces filles sans fesses
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Qui regardent les nôtres avec réprobation
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Seigneur, délivrez-nous de ces tristes drôlesses
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Ou donnez-nous au moins quelques compensations
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Faites qu’autour de la table
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On leur réserve le banc
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C’est assez inconfortable
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Sans un certain répondant
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Et faites que la salade
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La tomate et le citron
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Rendent beaucoup plus malade
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Qu’un modeste mironton
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Et dans votre bonté
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Faites aussi que le thé
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Donne plein de calories
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Vierge Marie !
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Faites que dans les boutiques
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On regarde de travers
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Leurs silhouettes étiques
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Nager dans les pull-overs
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Qu’essayant la plus banale
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Des robes, on leur dise un peu
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«On fait les tailles normales»
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Sur un ton très dédaigneux
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Et dans votre justice
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Faites que dans leur trente-six
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On les prenne pour des salsifis
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Ô sainte Sophie !
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Faites que tous ces jeunes hommes
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Les invitant à dîner
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Cessent un peu d'être économes
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Et veuillent imaginer
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Qu’en ouvrant les bras plus large
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Ils y gagneraient un peu
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Les filles avec une marge
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Ça fait beaucoup moins de bleus
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Et faites qu’une fois
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Privés de contrepoids
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Ils se foutent la gueule par terre
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Ô grand saint Pierre !
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Faites que les magazines
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Payent le papier moins cher
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C’est pour cela, j’imagine
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Qu’on voit été comme hiver
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Rangés à douze par page
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Des sardines très mini
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Des haricots sur la plage
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Ou d'élégants spaghettis
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Et que les photographes
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Dégoûtés des girafes
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Découvrent les trois dimensions
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Saint Timoléon !
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Seigneur, gardez-vous bien de leur donner des fesses
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Nous porterons les nôtres avec sérénité
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Seigneur, ne croyez pas surtout que ça nous blesse
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Abondance de biens n’a jamais rien gâté |