C'était pendant les vacances d'été dans la cité
|
A l'époque j'étais à peine ado
|
Il y a donc déjà quelques années
|
Dans la rue je rêvais assis sur mon vieux vélo cross
|
Et de temps en temps regardais à gauche et à droite en attendant les autres
|
J'étais toujours à l’heure lorsqu’on se filait des rencards
|
J'étais le plus jeune et le plus sérieux
|
C'était en puissance tout le drame de mon histoire
|
Les autres arrivèrent donc sans se presser
|
Chacun sur son cheval à deux roues
|
Ils me regardèrent comme si j'étais fou
|
Alors Mustaaf pour me rassurer il m’a dit que c'était eu, pas moi qu'étaient
|
chelous
|
Après s'être copieusement insultés pour se convaincre qu’on s’aimait
|
Comme un essaim d’abeilles on s’est tous envolés
|
Je pédalais sur l’asphalte de mon destin
|
Comme un poisson dans l’eau qui se rêve requin
|
Mon frère aîné était là aussi mais ça l’ennuyait que je sois de la partie
|
C'était qu’une réticence passagère selon moi et le temps allait confirmer mon
|
avis
|
Quand la roue s’est désolidarisée de la fourche de mon vélo
|
Je l’ai regardée roulée, roulée, roulée
|
Et quelques secondes après l’accident mon frère m’a pris dans ses bras et on a
|
pleuré, pleuré, pleuré
|
Tout le temps qui passe qui s’est écoulé
|
Et les moments que j’arrive pas à oublier (x 2)
|
Le surlendemain après-midi devant la JEEP, le centre de prévention du quartier
|
Je jouais au ping-pong sur la table bétonnée
|
J’avais des pansements de partout à cause de l’accident alors par pitié on me
|
laissait gagner
|
Majid était là comme mon petit frère et moi comme son frère aîné
|
Qui pouvait se douter que dans quelques années le destin allait nous trier
|
Les mecs autour de la table ils gueulaient: «je prends le gagnant,
|
je prends le gagnant !»
|
C'étaient nos raquettes et nos balles mais on leur a laissé tellement que
|
c'était plus marrant
|
On est allé ensuite dans la cave de mon immeuble pour récupérer nos vélos
|
L’entrée était encombrée par des grands qui pompaient de la colle
|
Et ça nous faisait flipper grave, même s’ils étaient tous K. O
|
On a récupéré tant bien que mal nos motos sans moteur
|
Et on a roulé comme des fous jusqu’au parc Schumeister
|
Juste avant de prendre le pont on s’est dit «viens on fait la course»
|
C’est là que le pied de Majid il a glissé de la pédale et qu’il est tombé à
|
mi-course
|
Je me suis arrêté, catastrophé, et je l’ai regardé rouler, rouler, rouler
|
Et quelques secondes après son accident je l’ai pris dans mes bars et on a
|
pleuré, pleuré, pleuré
|
Tout le temps qui passe qui s’est écoulé
|
Et les moments que j’arrive pas à oublier (x 2)
|
Le week-end d’après tellement qu’il faisait soif
|
On a décidé d’aller se baigner au lac Achard
|
Avant qu’on y aille deux amis, qui sont morts depuis
|
Se sont mis à me vanner devant la bande parce que le respect n’a pas de prix
|
Ils étaient plus grands que moi alors j’ai rien dit
|
Mustaaf il a bien vu que j'étais dégoûté alors il m’a dit:
|
«Je te prends à l’arrière de mon vélo comme ça t’auras pas à pédaler
|
Vu que tes plaies elles sont pas encore vraiment cicatrisées !»
|
Je voulais refuser par fierté mais je me suis dit «Marlich»
|
Dans ce contexte ça voulait dire vas-y c’est pas grave je m’en fiche
|
Alors on s’est tous mis en mouvement et on est parti en gueulant
|
Quelque part entre «La horde sauvage» et «La guerre des boutons»
|
C'était à l'époque, que dis-je, à la grande époque de Bernard Hinault
|
Ca faisait vraiment classe en ce temps-là de faire du vélo
|
On était plus de cinquante sur la route, t’imagine
|
Têtes d’enfants déjà cassées et gueules citadines
|
Je sais plus trop d’ou est venue la queue-de-poisson
|
Un coup de poisse en plein milieu du peloton
|
Je ne sais ni pourquoi, ni comment mais je suis le seul à être tombé et à avoir
|
roulé, roulé, roulé
|
Et quelques secondes après mon accident on s’est tous pris dans les bras et on
|
a pleuré, pleuré, pleuré
|
Tout le temps qui passe qui s’est écoulé
|
Et les moments que j’arrive pas à oublier (x 2)
|
Paroles rédigées et annotées par la communauté française de Rap Genius |