| Dieu, que le monde est injuste, lui si beau et moi si laid
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| Je te donnerais la lune, tu ne voudrais pas m’aimer
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| Et lui sans faire un seul geste, sans un mot, sans un regard
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| Il a mis de la tendresse au fond de tes grands yeux noirs
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| Tu lui donneras ton corps, tu croiras à ses serments
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| Tu l’aimes pour le dehors sans voir ce qu’il y a dedans
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| Dieu, que le monde est injuste, lui seigneur et moi vaurien
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| Il te donnera la lune, toi qui ne demandais rien
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| Dieu, que le monde est injuste, aime ton beau cavalier
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| La satin de ta peau brune, n’est pas pour les va-nu-pieds
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| Ma laideur est une insulte à ta beauté insolente
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| Une erreur de la nature, qui ne me fut pas aimante
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| Dieu, que le monde est injuste, notre lot n’est pas le leur
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| Nous n’avons pas de fortune, mais eux, ont-ils donc un cœur?
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| Ils sont nés dans la dentelle pour faire l’amour et la guerre
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| Mais nous, pauvres vers de terre, notre vie est bien plus belle
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| Et de quel côté est Dieu? |
| Du côté des ostensoirs
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| Ou bien du côté de ceux qui le prient matin et soir?
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| Ce Jésus que l’on adore, a-t-il toujours préféré
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| Les Rois Mages avec leur or à nous autres pauvres bergers?
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| Dieu, que la vie est cruelle, pour deux cœurs qui se cherchaient
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| Moi si laid et toi si belle, comment pourrais-tu m’aimer? |