Song information On this page you can find the lyrics of the song Il n'y a plus rien, artist - Léo Ferré. Album song Au théâtre des champs élysées, in the genre Европейская музыка
Date of issue: 31.10.1984
Record label: La mémoire et la mer, Léo Ferré
Il n'y a plus rien |
Ã^coute, Ã(c)coute |
Dans le silence de la mer |
Il y a comme un balancement maudit |
Qui vous met le cÅ"ur à l’heure, avec le sable |
Qui se remonte un peu |
Comme les vieilles putes qui remontent leur peau |
Qui tirent la couverture |
Immobile, L’immobilité, ç a dÃ(c)range le siècle |
C’est un peu le sourire de la vitesse |
Et ç a sourit pas lerche, la vitesse, en ces temps |
Les amants de la mer s’en vont en Bretagne ou à Tahiti |
C’est vraiment con, les amants |
IL n’y a plus rien |
Camarade maudit, camarade misère |
Misère, c'Ã(c)tait le nom de ma chienne |
Qui n’avait que trois pattes |
L’autre, le destin |
La lui avait mise de côté pour les olympiades de la bouffe |
Et des culs semestriels qu’elle accrochait |
Dans les buissons pour y aller de sa progÃ(c)niture |
Elle est partie, Misère, dans des cahots |
Quelque part dans la nuit des chiens |
Camarade tranquille, camarade prospère |
Quand tu rentreras chez toi, pourquoi chez toi? |
Quand tu rentreras dans ta boîte |
Rue d’AlÃ(c)sia ou du Faubourg |
Si tu trouves quelqu’un qui dort dans ton lit |
Si tu y trouves quelqu’un qui dort |
Alors va-t-en, dans le matin clairet seul te marie pas |
Si c’est ta femme qui est lÃ, rÃ(c)veille-la de sa mort imagÃ(c)e |
Fous-lui une baffe, comme à une qui aurait |
Une syncope ou une crise de nerfs |
Tu pourras lui dire: «T'as pas honte de t’assumer |
Comme ç a dans ta liquide sÃ(c)nescence |
Dis, t’as pas honte? |
Alors qu’il y a quatre-vingt-dix mille espèces de fleurs? |
Espèce de conne |
Et barre-toi |
Divorce-la |
Te marie pas |
Tu peux tout faire |
T’empaqueter dans le dÃ(c)sordre |
Pour l’honneur, pour la conservation du titre |
Le dÃ(c)sordre, c’est l’ordre moins le pouvoir |
Il n’y a plus rien |
Je suis un nègre blanc qui mange du cirage |
Parce qu’il se fait chier à être blanc, ce nègre |
Il en a marre qu’on lui dise «Sale blanc» |
A Marseille, la sardine qui bouche le Port |
Ã^tait bourrÃ(c)e d’hÃ(c)roïne |
Et les hommes-grenouilles n’en sont pas revenus |
LibÃ(c)rez les sardines et y’aura plus de mareyeurs |
Si tu savais ce que je sais |
On te montrerait du doigt dans la rue |
Alors il vaut mieux que tu ne saches rien |
Comme ç a, au moins, tu es peinard, anonyme |
Citoyen |
Tu as droit, Citoyen, au minimum dÃ(c)cent |
A la publicité des enzymes et du charme |
Au trafic des dollars et aux traficants d’armes |
Qui traînent les journaux dans la boue et le sang |
Tu as droit à ce bruit de la mer qui descend |
Et si tu veux la prendre elle te fera du charme |
Avec le vent au cul et des sextants d’alarme |
Et la mer reviendra sans toi si tu es mÃ(c)chant |
Les mots, toujours les mots, bien sÃ"r |
Citoyens |
Aux armes Aux pÃ(c)pÃ(c)es, Citoyens |
A l’Amour, Citoyens |
Nous entrerons dans la carrière |
Quand nous aurons cassé la gueule à nos ainÃ(c)s |
Les prÃ(c)fectures sont des monuments en airain |
Un coup d’aile d’oiseau ne les entame même pas |
C’est vous dire |
Nous ne sommes même plus des juifs allemands |
Nous ne sommes plus rien |
Il n’y a plus rien |
Des futals bien coupÃ(c)s sur lesquels |
Lorgnent les gosses, certes |
Des poitrines occupÃ(c)es |
Des ventres vacants arrange-toi avec ç a |
Le sourire de ceux qui font chauffer leur gamelle |
Sur les plages reconverties et dÃ(c)moustiquÃ(c)es |
C’est-Ã -dire en enfer |
Là où Dieu met ses lunettes noires |
Pour ne pas risquer d'être reconnu par ses admirateurs |
Dieu est une idole, aussi |
Sous les pavÃ(c)s il n’y a plus la plage |
Il y a l’enfer et la SÃ(c)curité Notre vraie vie n’est pas ailleurs, elle est ici |
Nous sommes au monde, on nous l’a assez dit |
N’en dÃ(c)plaise à la littÃ(c)rature |
Les mots, nous leur mettons des masques |
Un bâillon sur la tronche |
A l’encyclopÃ(c)die, les mots |
Et nous partons avec nos cris |
Et voilà |
Il n’y a plus rien |
Plus, plus rien |
Je suis un chien? |
Perhaps |
Je suis un rat |
Rien |
Avec le cÅ"ur battant |
Jusqu'à la dernière battue |
Nous arrivons avec nos accessoires |
Pour faire le mÃ(c)nage dans la tête des gens |
«Apprends donc à te coucher tout nu |
«Fous en l’air tes pantoufles |
Renverse tes chaises |
Mange debout |
Assois-toi sur des tonnes d’inconvenances |
Et montre-toi à la fenêtre |
En gueulant des gueulantes de principe |
Si jamais tu t’aperç ois |
Que ta rÃ(c)volte s’encroÃ"te et devient |
Une habituelle rÃ(c)volte, alors |
Sors |
Marche |
Crève |
Baise |
Aime enfin les arbres, |
Les bêtes et dÃ(c)tourne-toi |
Du conforme et de l’inconforme |
Lâche ces notions, si ce sont des notions |
Rien ne vaut la peine de rien |
Il n’y a plus rien |
Plus, plus rien |
Invente des formules de nuit |
CLN C’est la nuit |
Même au soleil, surtout au soleil |
C’est la nuit |
Tu peux creve |
Les gens ne retiendront |
Même pas une de leur inspiration |
Ils canaliseront sur toi leur air vicié En des regrets Ã(c)ternels puant |
Le certificat d'Ã(c)tudes et le catÃ(c)chisme ombilical |
C’est vraiment dÃ(c)gueulasse |
Ils te tairont, les gens |
Les gens taisent l’autre, toujours |
Regarde, Ã table, quand ils mangent |
Ils s’engouffrent dans l’innommé Ils se dÃ(c)passent eux-mêmes |
Et s’en vont vers l’ordure et le rot ponctuel |
La ponctuation de l’absurde |
C’est bien ce renversement des rÃ(c)acteurs abdominaux |
Comme à l’atterrissage, on rote et on arrête le massacre |
Sur les pistes de l’inconscient |
Il y a des balises baveuses toujours un peu |
Se souvenant du frichti, de l’organe, du repu |
Mes plus beaux souvenirs sont d’une autre planète |
Où les bouchers vendaient de l’homme à la criÃ(c)e |
Moi, je suis de la race ferroviaire qui regarde passer les vaches |
Si on ne mangeait pas les vaches, les moutons et les restes |
Nous ne connaîtrions ni les vaches, ni les moutons, ni les restes |
Au bout du compte, on nous Ã(c)lève pour nous becqueter |
Alors, becquetons, côte à l’os pour deux personnes, tu connais? |
Heureusement il y a le lit, un parking tu viens, mon amour? |
Et puis, c’est comme à la roulette: on mise, on mise |
Si la roulette n’avait qu’un trou, on nous ferait miser quand même |
D’ailleurs, c’est ce qu’on fait |
Je comprends les joueurs |
Ils ont trente-cinq chances de ne pas se faire mettre |
Et ils mettent, ils mettent |
Le drame, dans le couple, c’est qu’on est deux |
Et qu’il n’y a qu’un trou dans la roulette |
Quand je vois un couple dans la rue, je change de trottoir |
Te marie pas |
Ne vote pas |
Sinon t’es coincé Elle Ã(c)tait belle comme la rÃ(c)volte |
Nous l’avions dans les yeux, |
Dans les bras dans nos futals |
Elle s’appelait l’imagination |
Elle dormait comme une morte, elle Ã(c)tait comme morte |
Elle sommeillait |
On l’enterra de mÃ(c)moire |
Dans le cocktail Molotov, il faut mettre du Martini, mon petit |
Transbahutez vos idÃ(c)es comme de la drogue |
Tu risques rien à la frontière |
Rien dans les mains |
Rien dans les poches |
Tout dans la tronche |
Vous n’avez rien à dÃ(c)clarer? |
Non |
Comment vous nommez-vous? |
Karl Marx |
Allez, passez |
Nous partîmes |
Nous Ã(c)tions une poignÃ(c)e |
Nous nous retrouverons bientôt dÃ(c)munis, seuls |
Avec nos projets d’imagination dans le passé Ã^coutez-les |
Ã^coutez-les |
Ã*a rape comme le vin nouveau |
Nous partîmes Nous Ã(c)tions une poignÃ(c)e |
Bientôt ç a dÃ(c)bordera sur les trottoirs |
La parlote ç a n’est pas un dÃ(c)tonateur suffisant |
Le silence armé, c’est bien, mais il faut bien fermer sa gueule |
Toutes des concierges |
Ã^coutez-les |
Il n’y a plus rien |
Si les morts se levaient? |
Hein? |
Nous Ã(c)tions combien? |
Ã*a ira |
La tristesse, toujours la tristesse |
Ils chantaient, ils chantaient |
Dans les rues |
Te marie pas Ceux de San Francisco |
De Paris, de Milan |
Et ceux de Mexico |
Bras dessus bras dessous |
Bien accrochÃ(c)s au rêve |
Ne vote pas |
0 DC8 des PÃ(c)licans |
Cigognes qui partent à l’heure |
Labrador Lèvres des bisons |
J’invente en bas des rennes bleus |
En habit rouge du couchant |
Je vais à l’Ouest de ma mÃ(c)moire |
Vers la Clarté vers la Clarté Je m'Ã(c)claire la Nuit dans le noir de mes nerfs |
Dans l’or de mes cheveux j’ai mis cent mille watts |
Des circuits sont en panne dans le fond de ma viande |
J’imagine le tÃ(c)lÃ(c)phone dans une lande |
Celle où nous nous voyons moi et moi |
Dans cette brume obscène au crÃ(c)puscule teint |
Je ne suis qu’un voyant embarrassé de signes |
Mes circuits dÃ(c)connectent |
Je ne suis qu’un binaire |
Mon fils, il faut lever le camp comme lève la pâte |
Il est tôt Lève-toi Prends du vin pour la route |
DÃ(c)gaine-toi du rêve anxieux des biens assis |
Roule roule mon fils vers l'Ã(c)toile idÃ(c)ale |
Tu te rencontreras Tu te reconnaîtras |
Ton dessin devant toi, tu rentreras dedans |
La mue ç a ses fait à l’envers dans ce monde inventif |
Tu reprendras ta voix de fille et chanteras Demain |
Retourne tes yeux au-dedans de toi |
Quand tu auras passé le mur du mur |
Quand tu auras autrepassé ta vision |
Alors tu verras rien |
Il n’y a plus rien |
Que les pères et les mères |
Que ceux qui t’ont fait |
Que ceux qui ont fait tous les autres |
Que les monsieur |
Que les madame |
Que les assis dans les velours glacÃ(c)s, soumis, mollasses |
Que ces horribles magasins bipèdes et roulants |
Qui portent tout en devanture |
Tous ceux-là à qui tu pourras dire: |
Monsieur |
Madame |
Laissez donc ces gens-là tranquilles |
Ces courbettes imaginÃ(c)es que vous leur inventez |
Ces dÃ(c)sespoirs soumis |
Toute cette tristesse qui se lève le matin |
à heure fixe pour aller gagner VOS sous |
Avec les poumons resserrÃ(c)s |
Les mains grandies par l’outrage et les bonnes mÅ"urs |
Les yeux dÃ(c)faits par les veilles soucieuses |
Et vous comptez vos sous? |
Pardon, leurs sous |
Ce qui vous dÃ(c)shonore |
C’est la propreté administrative |
Ã(c)cologique dont vous tirez orgueil |
Dans vos salles de bains climatisÃ(c)es |
Dans vos bidets dÃ(c)serts |
En vos miroirs menteurs |
Vous faites mentir les miroirs |
Vous êtes puissants au point de vous reflÃ(c)ter tels que vous êtes |
CravatÃ(c)s |
Envisonnes |
EmpapaoutÃ(c)s de morgue et d’ennui dans l’eau verte qui descend |
Des montagnes et que vous vous êtes arrangÃ(c)s pour soumettre |
A un point donné A heure fixe |
Pour vos narcissiques partouzes |
Vous vous regardez et vous ne pouvez même plus vous reconnaître |
Tellement vous êtes beaux |
Et vous comptez vos sous |
En long |
En large |
En marge |
De ces salaires que vous lâchez avec prÃ(c)cision |
Avec parcimonie |
J’allais dire en douce comme ces aquilons |
Avant-coureurs et qui racontent les exploits du bol alimentaire |
Avec cet apparat vengeur et nivellateur qui empêche toute identification |
Je veux dire que pour exploiter votre prochain |
Vous êtes les champions de l’anonymat |
Les rÃ(c)volutions? |
Parlons-en |
Je veux parler des rÃ(c)volutions qu’on peut encore montrer |
Parce qu’elles vous servent |
Parce qu’elles vous ont toujours servis |
Ces rÃ(c)volutions de l’histoire |
Parce que les «histoires» ç a vous amuse, avant de vous intÃ(c)resser |
Et quand ç a vous intÃ(c)resse, il est trop tard |
On vous dit qu’il s’en prÃ(c)pare une autre |
Lorsque quelque chose d’inÃ(c)dit vous choque et vous gêne |
Vous vous arrangez la veille, toujours la veille, pour retenir une place |
Dans un palace d’exilÃ(c)s, entouré du prestige des dÃ(c)racinÃ(c)s |
Les racines profondes de ce pays, c’est Vous, paraît-il |
Et quand on vous transbahute d’un, dÃ(c)sordre de la rue |
Comme vous dites, Ã un ordre nouveau comme ils disent |
Vous vous faites greffer au retour et on vous salue |
Depuis deux cent ans, vous prenez des billets pour les rÃ(c)volutions |
Vous seriez même tentÃ(c)s d’y apporter votre petit panier |
Pour n’en pas perdre une miette, n’est-ce-pas? |
Et les vauriens qui vous amusent, ces, vauriens |
Qui vous dÃ(c)rangent aussi, on les enveloppe dans un fait |
Divers pendant que vous enveloppez les «Vôtres» dans un drapeau |
Vous vous croyez toujours, vous autres, dans un haras |
La race ç a vous tient debout dans ce monde que vous avez assis |
Vous avez le style du pouvoir |
Vous en arrivez même à vous parler à vous-mêmes |
Comme si vous parliez à vos subordonnÃ(c)s |
De peur de quitter votre stature, vos boursouflures |
De peur qu’on vous montre du doigt |
Dans les corridors de l’ennui, et qu’on se dise |
«Tiens, il baisse, il va finir par se plier, par ramper» |
Soyez tranquilles |
Pour la reptation, vous êtes imbattables |
Seulement, vous ne vous la concÃ(c)dez que dans la mÃ(c)taphore |
Vous voulez bien vous allonger mais avec de l’allure |
Cette «allure» que vous portez, Monsieur, à votre boutonnière |
Et quand on sait ce qu’a pu vous coÃ"ter de silences aigres |
De renvois mal aiguillÃ(c)s |
De demi-sourires sÃ(c)chÃ(c)s comme des larmes |
Ce ruban malheureux et rouge comme la honte |
Dont vous ne vous êtes jamais dÃ(c)cidé à empourprer votre visage |
Je me demande comment et pourquoi la Nature met |
Tant d’entêtement, tant d’adresse |
Et tant d’indiffÃ(c)rence biologique |
A faire que vos fils ressemblent à ce point à leurs pères |
Depuis les jupes de vos femmes matrimoniaires |
Jusqu’aux salonnardes Ã(c)quivoques où vous les dressez à boire |
Dans votre grand monde, a la coupe des bien-pensants |
Moi, je suis un bâtard |
Nous sommes tous des bâtards |
Ce qui nous sÃ(c)pare, aujourd’hui |
C’est que votre bâtardise à vous est sanctionnÃ(c)e par le code civil |
Sur lequel, avec votre permission |
Je me plais à cracher, avant de prendre congé Soyez tranquilles, vous ne risquez rien |
Il n’y a plus rien |
Et ce rien, on vous le laisse |
Foutez-vous en jusque-lÃ, si vous pouvez |
Nous, on peut pas |
Un jour, dans dix mille ans |
Quand vous ne serez plus là |
Nous aurons tout rien de vous tout de nous |
Nous aurons eu le temps d’inventer la |
Vie, la Beauté, la Jeunesse |
Les Larmes qui brilleront comme |
Des Ã(c)meraudes dans les yeux des filles |
Le sourire des bêtes enfin dÃ(c)traquÃ(c)es |
La priorité à Gauche, permettez |
Nous ne mourrons plus de rien |
Nous vivrons de tout |
Et les microbes de la connerie |
Que nous n’aurez pas manqué De nous lÃ(c)guer, montant |
De vos fumures |
De vos livres engrangÃ(c)s dans vos silo thèques |
De vos documents publics |
De vos règlements d’administration pÃ(c)nitentiaire |
De vos dÃ(c)crets |
De vos prières, même |
Tous ces microbes |
Soyez tranquilles |
Nous aurons dÃ(c)jà des machines pour les rÃ(c)voquer |
Nous aurons tout |
Dans dix mille ans |