Je suis la honte de la ville
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Je suis celle qu’on n' reçoit nulle part
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Les filles comme moi, les inutiles
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Il vaut mieux les tenir à l'écart
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On fait semblant de n' pas m' connaître
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Parce que j’ai eu plusieurs amants
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Mais y a des yeux derrière les fenêtres
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Pour surveiller tous mes mouvements
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Je suis la terreur des familles
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Le scandale de tous les gens bien
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Je fais trembler les vieilles filles
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Je fais rêver les collégiens
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Les dames de la poste
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S’en vont par trois
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En quittant la poste
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À six heures trois
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Les dames de la poste
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Se donnent le bras
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Elles, on les accoste
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Tandis que moi
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Lorsque je passe dans la rue
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Il y a personne qui me salue
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Personne qui m’aime et ou qui me voit
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Les gens bien me montrent du doigt
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Les dames de la poste
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S’en vont par trois
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En quittant la poste
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À six heures trois
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Les dames de la poste
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Se donnent le bras
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Elles, on les accoste
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Moi pas !
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On a dit que l' fils du notaire
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S'était tué par amour pour moi
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Au fond j' sais bien qu' s’il a fait ça
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C'était pour embêter son père
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Seulement voilà, tous? |
ils m’en veulent
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Comme si j’y avais quelque chose à voir
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Et les voilà qui m' font la gueule
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Parce que je m’habille tout en noir
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Non je n' mets pas de rouge à lèvres
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J’ai des chemises et des bas de soie
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Tant pis pour tous ceux qui en crèvent
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Chaque soir y a un homme chez moi
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Les dames de la poste
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S’en vont par trois
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En quittant la poste
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À six heures trois
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Les dames de la poste
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Dans leur lit froid
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Rêvent de timbres-poste
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Tandis que moi
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Je fais des rêves de jeunesse
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Je fais des rêves de caresses
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J’aime la vie, j’aime l’amour
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Et je sais qu’on trouvera un jour
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Parmi les timbres-poste
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Et les mandats
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Toujours fidèles au poste
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À six heures trois
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Les dames de la poste
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Les bras en croix
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Mortes dans leur poste…
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Et moi pas ! |