J’ai armé de pierre ma fronde
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Pour tuer je ne sais trop quoi
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Peut — être un jour dans l’autre monde
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Un ange me dira pourquoi
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Le paradis n’est — il qu’un leurre
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Le ciel est — il peuplé ou pas
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Je garderai ce que j’en pense, pour moi
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Je vis entouré de ma bande
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De conseilleurs et de payeurs
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Qui fait triompher la légende
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Qui dit qu’un artiste a du coeur
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Si j’ai du coeur c’est par faiblesse
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Par peur de rentrer seul chez moi
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Mais tout ça n’a de l’importance, que pour moi
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Entre la caresse et l’insulte
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Entre le poivre et puis le miel
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Depuis que je deviens adulte
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Les gens me traitent comme tel
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Je prends sur le quai de la gloire
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Un rapide qui ne part pas
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Mais tout ça n’a de l’importance, que pour moi
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Depuis que mes amis redressent
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Leurs colonnes bouffies d’orgueil
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Tous les compliments qu’ils m’adressent
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Me laissent de plus en plus seul
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Et dans mon lit à colonnades
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Malgré leur tendresse j’ai froid
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Mais tout ça n’a de l’importance, que pour moi
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Depuis que les femmes se couchent
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Comme des roseaux devant moi
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Depuis que les femmes ont leurs bouches
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Suspendues au fil de ma voix
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Délestés de leur innocence
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Mes ballons rouges volent bas
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Mais tout ça n’a de l’importance, que pour moi
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Voici la borne fatidique
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L’arrêt d’autobus du destin
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Une flèche vers l’Amérique
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Met mon dos au quartier latin
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J’ai raclé le fond de mon âme
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Pour m’offrir ce cadeau de roi
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Mais tout ça n’a de l’importance, que pour moi |