| Nous étions quelques volontaires, combattants de l’I.R.A
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| Un matin nous reçûmes l’ordre de nous rendre à Drumbar
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| Mais comment faire pour y aller, comment trouver une auto?
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| Hors de question de prendre le train en tenue commando !
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| J’ai dit à mon copain Barney «Tu n’as pas à t’en faire
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| Tu connais le vieux Johnston, protestant, loyaliste
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| Envoyons-lui un télégramme pour une bonne affaire
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| Il est si avide et tellement rat qu’il arrivera de suite
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| C’est le patron des concessions Johnston’s Motor Car
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| Il a des garages partout, des voitures à la pelle
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| S’il flaire le bon coup, s’il sent l’odeur des dollars
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| Alors, pour se rendre au rendez-vous il prendra la plus belle"
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| Mister Johnston reçut l’info et partit aussitôt
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| Mit sur sa poitrine une étoile, son chapeau de castor
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| Puis au volant d’une bagnole rutilante et costaud
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| Il fonça vers ce qu’il pensait être une affaire en or
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| Lorsqu’il arriva à la voie ferrée, il vit les insurgés
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| Il comprit alors qu’il avait été piégé comme un bleu
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| «J'ai un permis pour voyager aussi loin que je veux»
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| «Ton permis anglais tu peux t' le fourrer, nous on veut ton auto»
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| «Mais que vont penser mes fidèles amis orangistes?
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| Ma voiture réquisitionnée par des rebelles, c’est pas rien !»
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| «On va te donner un reçu signé du captain Willys
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| Et quand l’Irlande sera libre, tu récupèreras ton bien»
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| Nous avons rembarqué les hommes, les fusils, les bardas
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| Brandi un drapeau du Sinn Féin dans la lumière du soir
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| Avons crié trois fois «hourra» pour les gars de l’I.R.A
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| Et surtout pour les belles bagnoles de Johnston’s Motor Car |